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Et si apprendre des tâches à un robot devenait possible sans compétences en programmation ? Et si un robot pouvait enseigner à l’un de ses congénères ? Le MIT a développé un nouveau protocole qui ouvre la voie à une nouvelle étape pour la robotique.

Alors que nous utilisons notre expérience et notre intuition pour déterminer comment accomplir une nouvelle tâche, un robot doit l’apprendre. Cet apprentissage passe par deux techniques : la programmation informatique ou la démonstration par l’humain de la tâche à accomplir, action ensuite dupliquée par le robot. Mais ces techniques présentent néanmoins des inconvénients : la première est chronophage et demande des compétences poussées en programmation, tandis que la seconde ne permet pas au robot de réutiliser ce qu’il a appris afin de réaliser d’autres actions.

Des chercheurs du Computer Science and Artificial Intelligence Laboratory (CSAIL) du MIT ont peut-être effectué un important pas en avant. Ils ont mis au point C-LEARN, un procédé d’apprentissage qui permet de simplifier cet enseignement. Il pourrait permettre à des personnes sans compétences particulières en programmation d’apprendre facilement de nouvelles fonctions aux robots, que ces derniers pourraient ensuite transmettre à leurs congénères.

Comment cela fonctionne-t-il ? L’opérateur apporte au robot les connaissances de base sur la manière de saisir un objet en fonction de ses contraintes de manipulation. Il utilise ensuite une interface 3D pour faire une démonstration de la tâche à exécuter au robot, en indiquant les étapes clés que la machine va devoir réaliser pour effectuer l’action dans le bon ordre.

« L’avenir de la robotique passera par une plus grande accessibilité. »

Les essais ont été réalisés avec Optimus, un petit robot de déminage à deux bras, qui a ensuite enseigné les tâches à Atlas, un robot à la configuration bien différente avec ses 1,80 m pour 180 kg. Ce dernier a alors effectuer les mêmes tâches sans intervention humaine. Au-delà du gain d’adaptabilité et de flexibilité des machines, l’apprentissage homme-robot est essentiel.

Une nouvelle étape dans l’industrie du futur ?

Le protocole mis au point par le MIT intéresse le monde industriel. « L’un des freins à la robotique aujourd’hui est le sentiment qu’il faut des ingénieurs qualifiés en programmation robotique pour exploiter un robot, observe Jérémie Pedros, chef de l’entreprise Actemium Toulouse Robotique & Automation (VINCI Energies). Or ce n’est pas le cas pour les applications simples. L’avenir de la robotique passera par une plus grande accessibilité, d’où l’intérêt majeur de permettre à des techniciens non spécialisés d’utiliser et programmer un robot. »

Comme le rappelle Jérémie Pedros, l’approche de la robotique a évolué dans l’industrie depuis les années 1990, d’une logique de robotisation poussée à l’extrême à celle consistant à remettre l’homme au cœur de l’usine, en trouvant le bon équilibre de robotisation en fonction des process, de leur dangerosité, de leur difficulté à être réalisés par des hommes… « Cela nécessite de créer beaucoup plus de liens entre l’homme et la machine, comme avec la cobotique » (des robots qui travaillent en interaction avec l’homme).

« Tout ce qui peut avoir trait à ces liens, notamment l’apprentissage du geste entre homme et robot, a un intérêt évident pour la cobotique dans le milieu industriel, poursuit-il. Dans l’aéronautique, par exemple, un certain nombre de procédés sont liés au geste humain, au savoir-faire. »

 

13/02/2018